Bohème

  • Dresseur de Libellules
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La porte s’ouvrit sur un vieil homme en costard. Il me fixait. Je ne cherchai qu’un abris pour la nuit ou pour la vie, tout dépendait de si l’on voulait de moi où non. Le vieux majordome ne bougea pas. Pendant un instant je me demandai si je n’étais pas une tigre du zoo sous le regard d’un enfant. L’homme me fit un signe que je ne compris pas et ferma rapidement la porte.

Moi, Léo Stradolia, je me retrouvai devant l’entrée en bois massif de la maison en ne savant où aller. Je m’assis sur les premières marches du palier ; la maison grinçait. Je plongeai ma tête dans mes mains. Je me retrouvai sans rien, ni maison, ni famille, ni ami. Il ne me restait qu’un peu d’espoir, et encore celui ci les jours de pluie était dissous par les gouttes d’eau qui ruisselaient sur mon visage. Je releva la tête et admira le ciel : Nul trace de bleu, il était entièrement couvert par un voile gris plus au moins foncé.

Le vent soufflait dans les branches des arbres à proximité, comme pour me chasser. Une fenêtre s’ouvrit et de celle ci s’échappa la musique d’un phonographe. Je me levai et tournai sur moi pour essayer d’apercevoir la fenêtre qui venait de s’ouvrir.

La porte s’ouvrit. Une femme aussi large et haute que l’encadrement de la porte apparut et je pus m'empercher d’écarquiller les yeux ; C’était une véritables géantes ! Elle portait un tablier sale : on s’y était apparemment nettoyé les mains après avoir utilisé de la farine. Je m’inclina légèrement pensant avoir à faire à la maitresse de maison.

- On nous a averti de votre venu. Nous savons que vous êtes perdu. Mais madame aimerait savoir si vous pourriez nous être utile ; quel est votre métier ?

La géante était donc une des employés de la maison, à en juger par son tablier, elle devait être la cuisinière. J’hésitai un instant, mais le ciel était menaçant et je ne préférai passer une nuit dans un étrange foyer que sur le bas coté d’une route.

- Je n’ai jamais été formé, mais j’ai longuement travaillé dans un grand cirque, comme artiste.

La femme ne sembla pas convaincu. Elle grimaça et je m’attendais déjà à voir la porte se refermer quand une voix fluette, mais aiguë m'atteignit de derrière la géante cuisinière. « Un artiste ! ». Je sursautai et eut la surprise de voir apparaître une femme dans un robe de satin rouge au coté de la cuisinière. J’avais eu l’impression que l’encadrement s’était agrandit pour laisser la maîtresse de maison se placé à coté de la géante.

- Je vous en pris en…

- Madame ! Ne l’invitez pas, vous savez très bien que cela pourrait être un vampire !

- Il fait grand jour, Mathil !

- Le soleil est caché aujourd’hui, madame. Il pourrait sortir de jour. Il vaut mieux le laisser rentrer lui même.

- C’est très impoli !

- Mais si vous tenez à votre vie, vous devez faire passer ce teste à notre invité. Il peut comprendre.

Je commençais à me demander dans quel étrange patelin j’avais atterri. Mais tout cela était de ma faute, j’étais monté dans le train sans billet et j’avais été mis dehors au premier arrêt de campagne. Les femmes se reculèrent et je m’avançai dans la demeure. Les deux femmes semblèrent heureuse, alors que j’étais simplement rentré dans la bâtisse. La maîtresse de maison m’emmena dans un des nombreux salons de son manoir. Je ne m’étais pas rendu compte de la grandeur de la maison.

Le feu crépitait dans l’âtre depuis déjà plusieurs heurs. Nous avions mangé de délicieuses pattes de cochon accompagné d’un potage. La comtesse Dulitige se trouvait en face de moi dans un grand fauteuil en osier. J’étais installé sur un siège bien plus modeste, mais non moins agréable. Elle m’avait demandé de lui raconter certains des numéros que j’avais pu voir. J’avais l’impression de faire face à un enfant émerveillé. Je finis par lui posé la question qui me brûlait les lèvres.

- Vous n’êtes donc jamais allé voir le cirque quand vous étiez enfant ?

- Bien sur que non ! Mon père refusait que je sorte de la maison. Surtout qu’une fois la représentation fini, il ferait nuit et que je risquerais d’être attaqué par les vampires.

- Je ne veux pas vous paraître insolant, mais avez vous déjà vu les vampires ? Je voyage depuis bientôt deux ans et jamais je n’ai croisé le moindre vampire.

La femme se leva et poussa du pied une imposante mâle. Si j’avais su qu’elle allait déplacé un si volumineux meubles, je lui serais venu en aide. Malgré sa petite taille et son corps presque squelettique la comtesse ne peina pas. La mâle en dessous de la bibliothèque, elle prit un livre et me l’amena.

- Bonne lecture…

La femme se tourna vers la cuisinière, qui tricotait un pull aussi large qu’elle pour la comtesse, et vers le vieux majordome qui n’avait plus toute sa tête. Elle annonça qu’il était l’heur pour tous d’aller se coucher. J’allais quitter la pièce après le majordome pour monter dans la chambre qu’on m’avait attribué, mais on me retint par le bras.

- Monsieur, depuis enfant je danse, mais aujourd’hui j’ai la chance d’avoir un danseur sous mon toit et j’aimerai en profiter. M’accorderiez vous une danse ?

Je me retrouvais bloquer. Si je refusais, je risquais de me mettre à dos mon hôte. Je me lança donc dans la danse qu’elle me proposait. Elle venait de mettre un disque sur un tourne-disque poussiéreux. Une musique assez sombre, mais élégante et doucement rythmé embaumait la pièce. Je me mis à danser n’osant avouer que je n’avais jamais été danseur, même si je connaissais quelques pas. L’exercice devint plus difficile lorsque de nous nous mirent à tourner au tour des meubles de la salle.

La musique s’éteignit et je pus rejoindre ma chambre où je commençais la lecture de l’étrange livre que mon hôte m’avait tendu. Il expliquait comment reconnaître un vampire et parlait de plusieurs massacres commis par ses étranges créatures de la nuit.

J’étais tellement prit dans le livre que lorsqu’on toqua à ma porte, je faillis ne pas aller ouvrir. Je me levai néanmoins et ouvrit la porte de ma chambre. C’était la cuisinière. Elle m’annonça que le petit-déjeuner allait être servis dans un quart d’heur dans la salle à manger et me demanda si je n’avais pas été trop dérangé par les vampires qui avaient tués les deux cochons qu’ils élevaient dans l’attente de fête. Je répondis que je n’avais rien entendu et retourna à ma lecture.

Il me fallut trente seconde pour me rendre compte que je venais de passer une nuit blanche plongé dans l’ouvrage. Je tourna la page et me retrouva à la fin de celui ci. Je m’habillai rapidement après mettre toiletté. Je me rendis ensuite à la salle à manger pour y prendre le repas.

La comtesse me demandai immédiatement de partir après avoir manger. Elle me dit qu’elle n’aurait pas du me faire lire le volumineux bouquin et que maintenant les vampires allaient s’en prendre à moi. Il ajouta que ce qu’ils avaient fait subir au cochon n’était qu’un avant goût de ce qu’ils pouvaient faire. Je pris mon baluchon et m’en alla.

Le long de la route pour la gare, je me demanda si toute cette histoire était vrai. Aujourd’hui encore je me le demande, mais par mesure de sécurité je n’invite personne à rentrer chez moi. J’attends qu’il rentre, même si c’est impoli. Comme on le sait tous, il faut qu’un vampire y soit invité pour entrer chez un humain.

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