Affaire de bureau

Mon souffle en fut coupé. Ses yeux m’avaient littéralement capturé. Je n’arrivais plus à ne pas fixer ce jeune homme. Il faisait presque la même taille que moi, peut-être un petit peu plus grand. Ses cheveux et ses yeux étaient bruns et il ne possédait aucun réel signe particulier. Je ne sais pas ce qui m’avait attiré chez lui, mais j’avais de la peine à continuer de lire le dossier sur mon bureau.

Je replongeai mon regard sur le papier, mais une brume s’était insufflée dans mon esprit et semblait étrangement lier à l'apparition fugace de la nouvel recru. Il avait de l'aisance, il souriait, riait aux blagues du patron et ne lança aucun regard dans la salle avant d’entrer dans le bureau du chef. Je voulus le classé dans le groupe des hétéros, mais un petit détail me fis hésiter : sa démarche. Il avait un quelque chose que je n’arrivais pas à décrire. Je décidai d’attendre encore. Il allait occupé le bureau juste à coter du mien ; j’allais avoir, alors, tout le temps de l’observer.

- Tu pense quoi du nouveau ?

Je levai les yeux. Lidya, ma supérieur, mais surtout une couguar, nymphomane sur laquelle seul le train, le nouveau, moi n’était pas passé. J’avais réussi à lui faire comprendre que je n’étais pas intéressé par les femmes avant de me faire violer dans l'ascenseur vide entre deux étages. Elle ne l’avait pas pris mal, mais j’étais devenu une sorte de meilleur ami gay. J’avais le droit à toute les histoires, de ses « expériences » dont je me serais bien souvent passé. Elle ne se lassait pas d’essayer de m’expliquer comment faire jouir une femme. Apparemment, c’était plus simple de l’inculquer à un gay qu’aux hommes avec qui elle passait ces nuits. Le félin en elle s’était réveillé en voyant le jeune homme brun. Elle voulait mon appréciation ; je savais que, quoi que je pourrais dire, elle essayerait.

- Il a quelque chose…

Lidya eut l’aire ravi de ma réponse et se pressa vers la porte du bureau pour aller se présenter à sa nouvelle proie. Le pauvre… J’espérai qu’elle ne le traumatiserait pas au point de le faire démissionner dés le premier jour. De plus, je n’avais pas fini ma phrase.

- De gay…

J’avais murmuré la fin de ma phrase, mais on l’entendit : un rire étouffé, un gloussement. Je me retourna. Cassie, la stagiaire qui était là depuis plus longtemps que moi : elle arrosait le palmier nain que mon ancien voisin avait laissé. Je me souviendrais surement longtemps du jour où celui-ci était arrivé ; j’avais cru que sa femme l’avait mis à la porte et qu’il avait décidé de venir s'installer au bureau. La jeune stagiaire vint vers moi.

- J’espère qu’il l’est. Lidya ne pourra pas l’avoir celui là.

Je souris à cette réflexion sachant que Cassie avait toujours rêvé d’être un mangeuse d’homme comme notre supérieur. Elle n’arrivait néanmoins pas à l’être et restait la fille qui rêvait du prince charmant.

Le nouveau ressortit du bureau. A notre grande surprise, Lidya ne le suivait pas en s’assurant que tout ce passait bien d’une voix mielleuse, ce qui nous valut un éclat de rire. Le jeune homme s’approcha de moi et de Cassie qui était accoudée sur mon bureau.

- Salut. Je cherche mon bureau ?

D’un même mouvement de main, Cassie et moi lui montrâmes la place caché par le palmier nain. Il esquissa un sourire, posa sa sacoche sur le bureau, s’assit et finit par se présenter.

- Ethan Miliory, enchanté !

Je baissa les yeux un instant sur Cassie qui, même je ne la voyais pas directement, bavait en regardant l’autre homme. Comprenant que son cerveau était en mode admiration et qu’elle ne se présenterait pas à ce son tour, je pris les devants.

- De même. Eliot Fulwer et Cassie Dubois.

Ethan se leva et nous annonça qu’il allait à la recherche des fournitures. Nous le suivîmes jusqu’à ce qu’il disparaisse de notre champ de vue. Cassie soupira et je pus m’empêcher de rire.

- En plus d’être stagiaire pour l’éternité dans cette boîte, tu es un peu une handicapée sociale… Complètement incapable de se présenter !

- J’admirais…

- Admirer ?

- Le mot est faible. Je suis sur que ce type fait pas mal de sport. Il cache surement un corps de dieu grec sous sa chemise… Je la trouve à peine trop grande…

- Une très grande handicapée social…

La jeune fille poussa un cri de protestation et ce fut sur cette image des plus ridicule que Lidya décida de refaire surface. Elle s’assit sur le bureau du nouveau et demanda.

- Qui est une handicapée sociale ?

Je répondis en montrant Cassie du doigt. Celle-ci se vexa ; elle se releva et, oubliant l’arrosoir sur le bureau d’Ethan, partit trouver une nouvelle tâche. Lidya s’éclipsa aussi pour retrouver Ethan. Une fois seul, je pus tant bien que mal reprendre la lecture du dossier que je devais valider.

Je répondis en montrant Cassie du doigt. Celle-ci se vexa ; elle se releva et en oubliant arrosoir sur le bureau d’Ethan partit trouver une nouvelle tâche. Lidya s’éclipsa aussi. Une fois seul, je réussis à me replonger dans mon travail.

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