Ce piano...

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Ce piano...

Ce piano… Jamais, il n’avait entendu son plus cristallin. On ne l’aurait pas soupçonné. Son bois était, par endroit, décoloré par le soleil, à d’autres endroits, il restait de la peinture d’un bordeau pâle. Liam restait assis sur cette caisse couverte de poussière. Le jeune homme restait bouche-bée du marché qu’il venait de conclure. La lumière faible et vacillante de la cave donnait un air fantomatique au vieil homme qui jouait ; il était resté figé dans le passé et n’avait pas évolué, malgré cela il était un excellent pianiste. Son temps était passé et aujourd’hui, il vendait son piano aux accords doux comme une première neige.

Soudain, quelqu’un ouvrit la porte extérieure de la cave, l’inondant de lumière. Liam plissa les yeux et le vieil homme dut faire pareil ; la musique dérapa et s’éteignit. Deux hommes s’engouffrèrent dans la cave : « Bonjour, on vient chercher un piano. » C’était les déménageur que Liam avait engagés pour emmener l’instrument nouvellement acquis dans le petit théâtre qu’il dirigeait. Il ne pensait pas, à la base, l’utiliser dans la nouvelle pièce qu’il était en train d’écrire : il voulait juste juste l’avoir en décor, mais, maintenant qu’il l’avait entendu les notes en sortir, il voulait ensorceler le public avec l’instrument.

Le jeune homme resta pensif sur la caisse pendant que les déménageurs s’en allaient avec l’objet. Le vieil homme restait à coté de lui et Liam avait l’impression de lui enlever un trésor.

- J’espère qu’il vous portera plus chance qu’à moi… Moi à qui il a pris la femme.

Le jeune homme resta silencieux. Que dire é un homme qui accuse un objet de lui avoir volé sa femme ? Liam rentra chez lui. Son petit studio lui semblai plus accueillant que d’habitude. Les acteurs et techniciens ayant ri du piano et de lui qui disait entendre le plus beau son quand on en jouait. La cave restait gravée dans sa mémoire, ainsi que la larme qu’il avait devinée sur la joue du vieil homme. Il se coucha, mais le sommeil se refusait à lui, il le fuyait. Enfin, il fuyait le piano qui revenait encore et encore dans son esprit.

Le lendemain, il devait se rendre au théâtre pour auditionner les acteurs, l’écriture de sa pièce touchant au but. Pour le rôle principal, il voulait une jeune femme à laquelle aucune des actrices habituelles ne correspondait. Assis parmi les sièges rouges du parterre, il écoutait celles qui souhaitaient obtenir le rôle.

Une jeune femme s’avança sur la scène et récita son texte. Liam le trouva bien, mais jugea qu’elle n’allait pas assez au fond des choses. Elle ne représentait pas la totalité du personnage. Il lui donna une chance de se rattraper : Lily lui avait confié savoir jouer du piano. Il lui demanda donc de montrer de quoi elle était capable. Elle s’assit devant le vieux piano et ses doigts se mirent à voler sur les touches. Elle ne semblait que les effleurer. La musique était était divine. Chaque note sonnait comme mille cristaux et elle envoûtait Liam. Elle ne s’arrêta pas de joue, le morceau semblait durer une éternité. Il semblait n’être que trois au monde ; lui, elle et le piano. Quand la musique cessa, Liam dut se retenir de demander un nouveau morceau, tandis que la jeune femme se pinçait les mains pour ne pas faire sonner un nouvelle fois l’instrument magique.

Liam avait entendu trois autres comédiennes, mais aucune n’était faite pour le rôle. Il s’enferma chez lui et se coucha sans penser à manger. Son esprit était embrumé par le piano. Lily allait avoir le rôle ; elle savait jouer avec ce piano et pour l’entendre encore le jeune homme aurait tout donné.

Il se réveilla en sursaut. L’horloge suspendue dans sa chambre indiquait quatre heures. Liam transpirait et ses tempes cognaient. Il se leva et s’habilla rapidement. Le piano l'appelait, il criait, il hurlait dans son esprit. Le jeune homme n’avait jamais conduit si vite. Il arriva au théâtre et entra discrètement par la porte de derrière. Il traversa les loges des artistes, déserte à cette heure. Il entra dans la salle de spectacle…

Un seul spot était allumé. Il dévoila de sa lumière la poussière qui voletait dans l’air et le piano au centre de la scène qui paraissait prolongé par l’obscurité. Lily se tenait devant l’instrument les doigts tremblants, les yeux rougis. « Vous venez me l’enlever. Vous ne comprenez pas ! Il m’a choisi. Je dois en jouer, mais personne ne doit entendre ! PERSONNE ! » La femme avait été séduite par l’objet, tout comme Liam. Ce fut ce qui mit l’homme dans une rage folle. Pas seulement ses paroles, mais sa présence, son contact avec le piano, il ne pouvait le supporter.

L’homme se mit à courir, sauta sur la scène et poussa Lily. Elle répondit par un hurlement de harpie et lança ses dents contre lui. Elle le rata, mais ses ongles se plantèrent dans la peau de Liam. Il hurla et agrippa le jeune femme. Il luttait et finit par repousser Lily. Elle recula d’un pas, l’œil prédateur, malheureusement elle se trouvait à la limite de la scène et tomba.

Dans l’obscurité du théâtre, Liam poussa le piano et le chargea dans la camionnette qui servait pour le transport des décors. Il conduisit jusqu’au matin et quand le soleil se leva, il se trouvait devant la maison où tout avait commencé. Il réussit à remettre le piano dans la cave et y resta pour le garder.

Ce piano… Jamais, il n’avait entendu son plus cristallin. On ne l’aurait pas soupçonné. Son bois était, par endroit, décoloré par le soleil, à d’autres endroits, il restait de la peinture d’un bordeau pâle. Mathias restait assis sur cette caisse couverte de poussière. Le jeune homme restait bouche-bée du marché qu’il venait de conclure. La lumière faible et vacillante de la cave donnait un air fantomatique au vieil homme qui jouait ; il était resté figé dans le passé et n’avait pas évolué, malgré cela il était un excellent pianiste. Son temps était passé et aujourd’hui, il vendait son piano aux accords doux comme une première neige.

Ce piano...
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