Ocre

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Ocre

La femme finit enfin par franchir la colline qui la séparait de la mer. Elle n’était pas seul; tout le village se rendait à la plage, intrigué par ce que venait de raconter le vieux marins.

Dakota sirotait un café. Elle ne regardait pas les hommes au bar qui riait fort pour oublier la douleur du front de mer, le barman qui ne cessait pourtant pas de la regarder elle, le club de bridge perdu entre jeu et discussion souvent futile et encore moins les jeunes poulettes qui gloussaient dans l’espoir d’attirer le regard d’un marin.

Dakota venait chaque soir au bar pour boire son café. Elle était toujours seul, mais s’était mieux ainsi et puis comme elle sortait, on ne lui rendait pas d’incessante visite de courtoisie. Ce soir, elle n’avait encore moins envie que les autres soir de venir s’assoir à cette table de bois nu qui racontait toujours l’histoire de même centaine d’année.

Ce soir cela allait faire cinq ans qu’elle aurait perdu son époux et son fils. Elle ne pouvait pas s’empêcher de revoir leur visage avant de partir, l’angoisse du garçon de huit ans pour sa première pèche. C’était trop tôt… Elle aurait dû l’empêcher de partir. Dakota amena une fois de plus sa tasse à sa bouche, mais sa main tremblait et elle n’osa même pas tremper ses lèvres dans le liquide noire.

La porte s’ouvrit à la volé et comme affolé par cette entrée fracassante la femme lâcha sa tasse qui alla se briser sur sa soucoupe faisant coulé le liquide noir sur le bois. Elle leva les yeux pour apercevoir le vieux loup de mer qui passait jour et nuit sur son bateau. Le vieil homme qui ne se voyait au village seulement quand il y avait une histoire folle à raconter. L’homme dont les yeux devaient être fait pour voir l’incroyable et le corps pour le vivre.

Dans le bar tous s’étaient tu, non pas à cause de l’entrée du marin, mais plutôt à cause de la réaction de Dakota. Elle restait bouche-bée à sa table fixant le vieil homme persuadée qu’il venait porter une nouvelle importante. Le barman brisa le silence en venant essuyer le café et en déversant un flot de parole aussi bête que vide de sens. Pour la femme se qui importait c’est ce qu’allait dire le marin.

L’homme était essoufflé et il resta quelques instant sur le pas de porte laissant la pluie mouiller les premières lattes du planché. Il entra et déclara d’un voix à la fois angoissante et pleine d’aventure :

- Un groupe entier de baleine, sur la plage ! Elles viennent de s’échouer.

Le barman se tut et n’osa même pas aller chercher un nouveau café pour sa cliente. On dévisageait le marin. Les regards s’échangèrent, puis certains échangèrent quelques mots et les conversations reprirent. Pourtant un quart d’heur plus tard le bar était vide, alors qu’il ne se vidait jamais avant minuit. Tous étaient rentré pour mieux se diriger vers la plage.

Dakota avait été la première et elle arriva la première au sommet de la colline. C’était un point de vu idéal sur la plage. Elle ne put croire ses yeux, qu’elle frotta pour être sur de ce qu’elle venait de voir. Une trentaine de reine des mers étaient couchés sur le sable humide de la plage. Le vent porta à la femme les cris d’effroi des bêtes.

Elle dévala la colline bien plus vite qu’elle n’avait pu la monté. Elle se précipita vers la baleine la plus proche et effleura sa peau de sa main. L’animal respirait la vie et pourtant puait la mort. Elle ne réussit à s’arrêter sur ses yeux que quelques instant, trop déchiré de ne pouvoir que reflété la mort qu’elle y voyait.

La bête souffla, comme si elle se dégonflait ou comme essoufflé. Dakota se glissa entre les immense corps gris et partout elle voyait la même détresse, la même douleur. Les larmes d’horreur se mêlèrent aux gouttes de pluies en glissant sur le visage de cette femme.

Elle tomba à genou et sa peau fut rappé par le sable alourdi par l’eau. Elle ne pouvait plus soutenir plus la mort quand ses yeux furent attiré par une couleur inattendu, la couleur claire, rosé de la peau humaine.

Elle se releva et courut jusqu’à ce jeune homme dont le corps était encore immergé. Elle se pencha sur son visage, posa ses mains sur son torse qui se soulevait rythme régulier. Elle passa sa main dans ses cheveux bruns pour les enlevés de son visage, comme le ferait une mère à son fils qui sort du bain. Une mince barbe soulignait la jeunesse de l’homme et ses yeux brillants qui venaient de s’ouvrir.

Il eut une expression étrange, entre la grimace de douleur et le sourire. Elle y répondit par un sourire. Il la regardait droit dans les yeux ce qui devint presque gênant pour Dakota.

Une main se posa sur l’épaule de la femme. Elle se retourna et découvrit le barman qui ne semblait ne même pas avoir remarquer l’autre homme. Il lui dit avoir eu pour elle, peur qu’une des bêtes ne lui donnent un coup. Elle ne répondit pas me se retourna juste vers celui qui s’était échoué avec les baleines.

Quand Karlton, le barman, réalisa la présence de cet inconnu, il se raidit, comme si il lui rappelait quelqu’un. Karlton se redressa et sortit son téléphone portable. Il appela les secours : un homme inconscient sur la plage parmi les baleines mourantes.

Tout se brisa, tout devint flou. Dakota se retrouva chez elle sans trop plus savoir comment. Elle ne retourna pas au café les jours suivants. Elle se contentait de errer dans la maison. Elle passa des heurs assises sur le lit de son fils, à regarder des photos de sa famille.

Un matin, la télévision allumé, alors qu’elle se préparait un déjeuner, annonça que la dernière baleine encore en vie avait pu être redonner à la mer. Le reportage qui montrait les images du sauvetage intriguèrent la femme qui alla s’assoir dans son vieux canapé en cuir. Elle avalait les images, comme un animal n’ayant pas mangé depuis plusieurs jours. La femme qui présentait les informations déclara par la suite que le jeune homme, qui avait était retrouvé entre deux cétacés, s’était réveillé à l’hôpital.

Sans plus attendre, sans éteindre la télévision, le fou ou encore prendre la peine de fermer la porte à clé, Dakota était dans sa voiture et roulait pour l’hôpital. Elle roula en fixant la route, comme si sa vie en dépendait.

Elle réussit à connaître le numéro de chambre du jeune homme à l’accueil, malgré les réticence des hôtesses. Elle finit par réussir à les convaincre que c’était elle qui l’avait trouvé sur la berge.

Elle arriva devant la porte et l’ouvrit sans même toquer. Elle ne put voir directement l’homme un rideau étant tiré devant son lit. Par contre elle l’entendit. Il hurlait aux deux infirmiers présents qu’il voulait sa mère et qu’il ne parlerait qu’à elle et elle seul. Dakota faillit se retourner et quitter la pièce sans prendre la peine de revoir son visage : elle ne voulait pas déranger, surtout si il ne souhaitait ne voir personne d’autre.

Elle écouta encore trente seconde la discussion qui tournait en rond, puis elle glissa sa tête sur le coté du rideau. Elle racla le fond de sa gorge avant de chuchoté doucement :

- Bonsoir…

L’homme tourna la tête violemment, son visage encore rouge de colère. Il changea radicalement de visage. Il commença par blêmir, ses yeux s'écarquillèrent dans un mélange de douleur et de surprise.

- Maman…

Dakota allait répliqué qu’elle n’était pas celle qu’il croyait, mais sa voix s’étrangla. Elle regarda à nouveau ses yeux. Bastien ! Oui, c’était Bastien… Elle tomba. Ses jambes ne supportèrent pas la puissance du choc et ses yeux ne purent retenir les milliers de larmes qu’elle avait si longtemps retenu.

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